Devant l’affolante quantité de posts Linkedin louant les bénéfices de l’échec et invitant chacun à se réinventer, permettez-moi de partager avec vous un instant d'une trivialité écrasante.
Parce que, pour faire face à tant de pensée inspirante, il me semble important de remettre l’église professionnelle au coeur du village de la vie simple.
Nous côtoyons tous le banal, le vide, le “pourquoi” sans croiser le “parce que”, nous tous regardons de temps en temps nos écrans en ne pensant à rien, à nos vacances, à ceux qui ne sont plus, à ceux qui sont ailleurs, oui il nous arrive de marcher dans les couloirs déserts de notre résidence professionnelle en cherchant à nous agripper aux murs recouvert d’un crépis jauni par les temps assassin du quotidien routinier de nos vies de travailleurs.
Oui, cela nous arrive.
A nous tous.
Nous qui faisons un métier passion. Ou à nous qui faisons un métier papassion.
Alors permettez moi de tenter de vous redonner le goût du vide, de vous témoigner mon amour de la banalité, du monotone, de la désolation et de vous inviter à plonger dans les profondeurs abyssales de la banalité professionnelle :
Mon agrafeuse n’a plus d’agraffe.
Voilà.
Ce n’est pas un drame en soit. C’est un rien. Un vide. Un manque. Surtout pour elle. Et c’est affligeant. Cauchemardesque. Cette agrafeuse n’a d’autre fonction que d’agrafer. Et si elle n’a plus d’agraffe ?
Elle est seule et n’a plus rien à faire, plus rien à dire.
Pour elle plus rien n’existe.
Et pourtant. Elle est là.
Dans ce monde où tout est extraordinaire, que j’aime cet ordinaire.